Saviez-vous que des milliers de pneus se retrouvent actuellement dans le fleuve Saint-Laurent, tout près de Beauharnois? Plusieurs plongeurs bénévoles en ont retiré environ 1000, alors qu’il en reste encore beaucoup, répandus sur plusieurs mètres.
«Il y a des pneus sous les sédiments qu’on ne peut pas toucher pour des raisons environnementales, explique Nathalie Lasselin, initiatrice du projet et présidente de l’organisme Aqua Sub Terra. Si on pouvait les enlever, on n’en finirait plus.»
Mme Lasselin et ses plongeurs ont mené des récoltes du 23 septembre au 4 octobre, un projet qui se trame depuis un an.
Un brise-lames, érigé dans les années 90, n’a pas tenu le coup «en dépit des milliers de pneus attachés les uns aux autres par de larges courroies de caoutchouc, des écrous et parfois des chaînes», précise sur son site Web l’organisme dont la mission est d’explorer le monde sous-marin, tout en le préservant.
Un brise-lames est un ouvrage élevé conçu pour atténuer les impacts des vagues.
Les pneus étaient donc tombés dans le fond du lac Saint-François et à divers endroits le long des rives.
L’équipe de bénévoles sur place le 3 octobre. (Photo : Le Soleil – Denis Germain)
Le Soleil est allé à la rencontre des bénévoles le 3 octobre, à la Marina de Beauharnois, soit le point de départ des plongeurs avant d’aller dans l’eau.
Une partie de l’équipe de bénévoles du 3 octobre en action. (Photo : Le Soleil – Denis Germain)
Une fois dans le fleuve, ils sont attachés à une corde de sécurité flottante et des personnes les surveillent sur le bord de la Marina, ainsi que par bateau.
«Nous, on libère les pneus et après, ils sont attachés après une corde pour être montés», explique Christophe Jomphe, plongeur.
Environ huit bénévoles étaient au rendez-vous à chaque journée de récolte. Grâce au partenaire Geocycle/Lafarge, les pneus amassés seront revalorisés.
Défis sous l’eau
L’un des plongeurs en action, tout près de la Marina de Beauharnois. (Photo : Le Soleil – Denis Germain)
Les plongeurs Christophe Jomphe et Sylvie Bélanger ont avoué que c’est un processus assez «physique» d’enlever des pneus à cet endroit, d’autant plus que la visibilité sous l’eau est «pratiquement nulle».
M. Jomphe mentionne que c’est plus difficile de voir en raison de l’eau trouble et de la grande quantité de sédiments.
Mme Bélanger ajoute que les plongeurs portent une montre qui indique le taux d’oxygène restant et le temps sous l’eau et ils doivent approcher leur tête très près de celle-ci pour voir correctement ces données.
Comme plusieurs pneus sont attachés à de larges courroies de caoutchouc, les plongeurs doivent couper ces courroies ; une opération qui se fait parfois en trois ou quatre coups de couteaux et d’autres fois, pendant plusieurs minutes.
«La coupe, je dirais que ça dépend de la force de la personne, mais aussi de l’épaisseur des courroies», spécifie Sylvie Bélanger.
Nathalie Lasselin n’hésite pas à dire que c’est un travail «de titan».
Avant cette récolte organisée par l’organisme, une quantité de pneus a été également enlevée au même endroit en 2006, à la suite d’une demande de Transports Canada.