« En attendant, nous pouvons nous consoler en nous rappelant qu’ici, nous pouvons au moins vivre en paix, un luxe auquel bien des gens, ailleurs sur planète, n’ont pas droit. Et quand on y pense bien, cette sécurité, elle, n’a pas de prix… »
C’est par ces mots prémonitoires que je terminais ma dernière chronique, publiée il y a près d’un mois, sans me douter qu’ils seraient encore plus lourds de sens aujourd’hui.
Il peut paraître déplacé, voire inconvenant, de parler d’économie alors que s’embrase le Proche-Orient et qu’on continue de dénombrer les morts en Israël après l’attaque du Hamas. Mais c’est inévitable. Nous pouvons nous sentir démunis et impuissants face à ce déluge de violence, mais il est quand même légitime de se demander quelles en seront les répercussions jusque chez nous.
Pour l’instant, elles demeurent limitées. Il y a bien eu une brève envolée des cours du pétrole parce qu’on s’est rapidement interrogé sur l’implication possible de l’Iran dans l’attentat. C’est loin d’être clair, mais si l’hypothèse s’avérait, les pays occidentaux lui imposeraient forcément des sanctions, sans compter que toute grave crise se répercute toujours sur le marché des hydrocarbures.
Qui dit hausse du prix du pétrole dit aggravation de l’inflation, tellement l’un et l’autre sont interreliés. On commençait à peine à voir décliner l’indice des prix à la consommation, ce qui pouvait laisser espérer de prochaines baisses de taux d’intérêt alors qu’on note déjà leur impact sur les cas d’insolvabilité au pays, en hausse marquée au deuxième trimestre. Et c’est sans compter l’anxiété des gens et des ménages qui devront bientôt renégocier leur hypothèque, souvent contractée alors que les taux se trouvaient au plancher, et qui se demandent comment ils pourront faire face au choc.
Évidemment, en comparaison des drames qu’on nous présente en boucle à la télévision, ces préoccupations peuvent sembler bien secondaires, et pourtant. Une population en bonne santé économique n’est pas portée à la violence. Elle comprend et apprécie sa chance. Au contraire, la misère attise le désespoir.
Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis avaient lancé le plan Marshall à coup de milliards de dollars pour aider les pays européens à se reconstruire et ç’a fonctionné.
L’argent ne pourra seul atténuer la rancœur et la colère des peuples touchés par ce conflit qui n’en finit pas. Mais ce serait déjà un début, même s’il faudrait composer, du moins du côté palestinien, avec des dirigeants idéologiquement inflexibles.
Farfelu ? Illusoire ? Rêveur ? Et pourquoi pas ? Il faut bien pouvoir rêver pour servir d’antidote à ces images de cauchemar…