Endométriose et infertilité : entre douleur et espoir

le mardi 26 septembre 2023

Parce qu’elle considère qu’on ne parle pas suffisamment d’infertilité et encore moins de maladie gynécologique comme l’endométriose, André-Anne Charron a décidé de partager son histoire dans le livre collectif L’égo de l’infertilité. Malgré les douleurs menstruelles qu’elle doit endurer chaque mois, la femme de Saint-Isidore et son conjoint caressent toujours le rêve de fonder une famille.

Depuis son adolescence, André-Anne Charron vit d’importantes douleurs lorsque vient le temps de ses menstruations. Son médecin de famille lui a toujours dit «que c’est normal d’avoir des crampes».  «Des fois, ça m’empêchait d’aller à l’école parce que ça me faisait trop mal. Même encore aujourd’hui, je dois prendre des antidouleurs pour être fonctionnelle», illustre celle qui est enseignante.

Elle et son conjoint essaient de concevoir un enfant depuis quatre ans maintenant, sans succès. Ils sont suivis en clinique de fertilité depuis trois ans et ce n’est qu’à ce moment-là que l’endométriose a été évoquée pour la première fois, sans toutefois avoir un diagnostic clair.

Diagnostic difficile

Cette maladie chronique «est caractérisée par la présence de tissu de l’endomètre en dehors de l’utérus, soit sur les ovaires, les trompes ou les ligaments qui supportent l’utérus et aussi sur les organes avoisinants comme la vessie et l’intestin», explique l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec (AOGQ) sur son site web. Différents degrés de douleurs sont vécus par les femmes souffrant d’endométriose.

La maladie est difficile à diagnostiquer officiellement, notamment en raison de la banalisation des symptômes reliés aux cycles menstruels, rapporte la gynécologue Valérie To, spécialisée en endométriose et en chirurgie de la reproduction dans un article du magazine Coup de pouce publié en 2021.

Dans le cas d’André-Anne Charron, c’est finalement un ennui de santé majeur survenu l’an dernier qui lui aura confirmé son diagnostic, soit 15 ans après ses premiers symptômes.

La résidente de Saint-Isidore a dû être opérée d’urgence en raison d’une péritonite, une inflammation aiguë des organes de l’abdomen causée par une infection. «Le chirurgien a vu l’ampleur de mon endométriose et m’a dit que s’il n’avait pas su que j’étais en fertilité, il aurait peut-être enlevé tout mon système reproducteur tellement que ce n’était pas beau», raconte-t-elle.

Fécondation in vitro

Heureusement, Mme Charron n’a pas gardé de séquelles de cet épisode, mais doit toujours composer avec l’infertilité, comme 38 % des femmes souffrant d’endométriose, selon les données de l’AOGQ.

Bien qu’on l’ait découragée après son opération sur ses chances d’avoir un enfant, elle n’a pas abandonné pour autant. En consultant une autre clinique, celle-ci spécialisée en endométriose, les pronostics étaient plus positifs. Elle aurait une chance sur trois de tomber enceinte avec la fécondation in vitro. Le premier essai n’a pas fonctionné pour le couple, mais ils tenteront leur coup à nouveau prochainement. «C’est dur parce que dans un parcours en fertilité, il faut toujours être proactif, il ne faut pas seulement se fier à l’avis d’un seul spécialiste et essayer de ne pas se décourager», exprime la femme de 32 ans.

Comme bien des couples en fertilité, Mme Charron et son conjoint doivent aussi composer avec des commentaires et conseils souvent non sollicités. «Les gens vont virer souvent ça à la blague :  Ha! C’est parce que vous ne savez pas comment faire ! raconte-t-elle. Dans notre société, il y a une valorisation de la virilité de la fertilité. (…) Pourtant, ce n’est pas une question de performance…mais de chance en fait.»

La résidente de Saint-Isidore espère que la chance tournera en leur faveur.

{{HTML|IMG|MEDIA|13261|749px|500px}}

André-Anne Charron a raconté son histoire dans un livre sur l’infertilité. (Photo:Éditions JED LAB)

Un processus libérateur

À travers son propre cheminement, André-Anne Charron cherchait elle aussi du soutien dans ces épreuves.« Je me demandais s’il y avait un groupe comme les AA (alcooliques anonymes), mais pour les personnes qui vivent de l’infertilité ?», illustre-t-elle. C’est via des groupes Facebook sur le sujet qu’elle a fait la connaissance du projet de livre.

Le processus d’écriture a été très libérateur pour elle et elle espère que le livre aidera d’autres couples vivant la même chose.

Un lancement officiel est prévu à Montréal le jeudi 19 octobre de 17 h 30 à 19 h 30 à la Librairie un livre à soi. Ce sera l’occasion pour les femmes présentes de discuter d’infertilité.