Les proches aidants sont fatigués et stressés. Tel est le constat d’un sondage réalisé plus tôt cette année auprès de 3000 d’entre eux au Canada. Comme il s’agit d’une réalité qui concerne le tiers des Québécois, il est temps d’aider les aidants.
«On n’est jamais prêt à devenir proche aidant. Tu embarques sans savoir dans quoi tu embarques», explique Julie Paquette, directrice des Aidants du Haut-Saint-Laurent, un organisme qui rejoint 324 personnes, un nombre en augmentation.
L’intervenante Sylvie Desgroseilliers décrit la situation par une caricature, celle d’un bonhomme qui reçoit une brique sur la tête.
Elle confirme les constats du sondage commandé par le Centre canadien d’excellence pour les aidants (voir plus bas); les proches aidants sont fatigués.
«Quand les gens viennent nous voir, ils ont de la misère à demander de l’aide ou à trouver les ressources, confirme Mme Paquette. Elles sont nombreuses les tâches connexes en proche aidance.»
Ces gens en viennent à prétendre que c’est un devoir qu’ils accomplissent.
Un profil diversifié
«Jusqu’à ce que la mort vous sépare», mentionnait le curé lors de la célébration d’un mariage. Ce qui fait que l’image du proche aidant est souvent celle d’une personne âgée qui accompagne son être aimé. Or, le profil du proche aidant a pris de l’ampleur ces dernières années.
«Le gouvernement a élargi tout proche aidant, confie la directrice générale de l’organisme. Notamment auprès des parents d’enfants handicapés, avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme. Mais il y a aussi beaucoup de proches aidants qui s’ignorent. Que ce soit un frère/ sœur, un voisin ou une personne qui rend des services.»
Si bien qu’on dénombrerait 1,5 million de proches aidants au Québec selon des données de l’Appui, une équipe complémentaire de soutien aux proches aidants ou organismes qui les accompagnent.
Julie Desgroseilliers ajoute à l’importance de ces personnes, soutenant que, selon d’autres statistiques, elles permettraient d’économiser entre 8 et 10 milliards $ annuellement à l’État.
Ne pas être seul
Les Aidants du Haut-Saint-Laurent viennent rappeler à ces gens qu’il existe des ressources pour les appuyer dans leur rôle. «Ils viennent chercher du soutien, témoignent les deux femmes. Souvent, ces personnes s’oublient et se sentent isolées. L’effet de groupe fait qu’ils ne se sentent plus seuls. C’est une grande force qu’on possède.»
Un groupe sur la post-aidance a aussi été fondé. Afin de les aider à reprendre leur vie en main et retrouver un cercle social souvent abandonné.
«Quand l’aidé n’est plus là, que ce soit à cause d’un décès ou d’un hébergement, tout part, ajoute Mme Paquette. Les aidants sont des gens de cœur qui souvent trouvent d’autres personnes à accompagner ou font du bénévolat.»
Données marquantes du sondage Être aidant au Canada
- Un aidant sur quatre affirme que sa santé mentale est passable ou mauvaise. Ils se sentent fatigués 947 %), inquiets ou anxieux (44 %) ou débordés (37 %) en raison des responsabilités d’aidant
- Les aidants fournissent en moyenne 5,1 heures de soins par jour, soit l’équivalant d’un emploi à temps plein
- Près de 20 % des aidants est âgés de plus de 65 ans. Ces aidants ainés sont moins susceptibles d’avoir accès à des services ou des mécanismes de soutien pour les aider à exercer leurs responsabilités, que ce soit en aménagement de leur domicile, de services de répit ou de transport
- La moitié des aidants a subi un stress financier au cours de la dernière année. Un sur cinq (22 %) a soutenu financière la personne dont il s’occupe. Un pourcentage identique affirme avoir déboursé au moins 100 $ par mois de leur poche
[Source : Centre canadien d’excellence pour les aidants]