Itinérance : Le campement n’est pas une solution permanente

le samedi 12 octobre 2024

Les quatre participants à une table ronde sur l’itinérance lors de la journée thématique qui a réuni de nombreux partenaires de Beauharnois-Salaberry ont tous convenu que le campement de Salaberry-de-Valleyfield n’était pas le remède à la situation.

«Pour moi, c’est une mesure temporaire, a souligné Julie Bergevin, coordonnatrice à la vie communautaire à la Ville. Ça ne répond pas à tous. »

Le 9 octobre à La Factrie, les partenaires en développement social de la MRC participaient à une journée sur le thème de l’itinérance. 

La crise du logement qui sévit a exacerbé la problématique de l’itinérance dans la MRC. Les logements abordables se font aussi rares.

Depuis deux ans, un site accueille les tentes à Salaberry-de-Valleyfield. À l’écart et discret, afin de préserver la sécurité et la dignité des campeurs. Mme Bergevin a assuré que les services municipaux et le réseau des partenaires allaient régulièrement sur les lieux pour vérifier la salubrité.

La mise en place du campement à l’époque se voulait facilitante pour eux, mais aussi pour les intervenants. «Les gens étaient confrontés à aller dans le bois et se mettaient alors en danger, a précisé Jonathan Nadon de Pacte de rue. Le campement permettait de centraliser et reconnecter le monde avec le réseau.»

La situation dérange néanmoins. Au point où des tentes ont été endommagées par des coups de couteau exacto.  
Kristelle Alunni-Menichini de la Direction de la santé publique soutient toutefois que le démantèlement n’est pas une option. «Ils peuvent être très violents, a-t-elle laissé savoir. Avec des conséquences et des traumas sur la santé des gens. Ils pourraient risquer de s’isoler avec ce que ça comporte.»

L’exemple de la Halte

Depuis moins d’un an, une halte à haut seuil de tolérance est en place sur la rue du Marché. Plus de 500 personnes ont visité l’endroit, signe que le besoin est évident. Malgré tout, le travail est continuel pour faire accepter la ressource au centre-ville.

«Il y a eu des entreprises qui voulaient que la halte quitte, a confié l’entrepreneur Patrick Loiselle, propriétaire de l’endroit où est établie la ressource. Ce serait déplacer le problème à mon avis. Avec un comité, on a discuté de nos problématiques. Des actions ont été mises en place et il y a des résultats observés depuis les trois dernières semaines.»

À cet effet, la communication est le nerf de la guerre pour établir des solutions. Une discussion qui doit aller dans les deux sens. «Les gens itinérants doivent aussi nous nommer ce qu’ils veulent, a ajouté Mme Bergevin.»

Convaincre, un à la fois

L’acceptation de l’itinérance par la communauté est un enjeu. Les différents intervenants sont d’accord qu’il faut poursuivre les actions de collaboration. Avec l’objectif d’influencer les citoyens, même si ce n’est qu’un à la fois. 

Julie Bergevin a indiqué que tous les directeurs de la Ville ont été sensibilisés sur le sujet. Elle concède qu’ils n’ont pas tous changé leur vision, mais a dit sentir une certaine influence. Et que changer quelqu’un dans un milieu, ça peut faire toute la différence.

Ce qu’a constaté Patrick Loiselle. Avec le temps il s’est ouvert aux usagers qui fréquentent la halte. Il considère ces personnes et ne serait-ce que les saluer peut faire la différence.

Roger, un ancien employé de la Goodyear qui a vécu des moments difficiles, a témoigné du pouvoir du contact humain. «Une fois, j’étais à Trois-Rivières et j’avais des idées noires, a-t-il confié. Une fille m’a fait un beau sourire; elle m’a sauvé la vie. »

La Nuit des sans abri se déroule ce vendredi 18 octobre à compter de 18h au parc Salaberry.