Prêt d’urgence COVID : des entreprises déplorent les manières de faire

le mardi 16 janvier 2024

Le prêt d’urgence (CUEC) que le fédéral avait consenti à 165 000 entreprises au Québec au cours de la pandémie arrive à échéance le jeudi 18 janvier et une grande partie des PME ne pourront pas rembourser les 40 000 $ exigés.

C’est le cas de Lynda Thauvette de Huntingodn, qui n’arrive plus à se sortir d’une série de revers depuis l’avènement de la COVID.

« Je suis coincée totalement même si j’ai mon entreprise depuis 2008. Je n’avais pas le choix de bénéficier du prêt pour survivre. Mais le gouvernement nous a imposé sur le 20 000 $ de subvention dès le début. Le prêt est supposé me sauver la peau, mais ils m’imposent, ça n’a aucun bon sens », plaide celle qui a dû se départir de toutes ses employées depuis l’année dernière pour sauver son entreprise d’entretien ménager.

« J’ai eu entre deux et cinq employées selon les périodes, mais rendue au pied du mur, maintenant je suis seule. J’ai réussi à me sortir un salaire de 16 000 $ l’an dernier. Sous 29 000 $, c’est moins que le salaire minimum et le seuil de pauvreté. C’est impossible que je puisse rembourser cette semaine. Le gouvernement doit cesser de repousser la date d’échéance et plutôt nous offrir de rencontrer des gens de Services Canada pour m’aider à restructurer et me monter un plan avec des ententes de paiement », ajoute celle qui devra faire appel à une institution qui prête à des taux exorbitants pour rembourser.

Peu d’aide des fonctionnaires

Pour Philippe*, le prêt est déjà remboursé, mais il déplore la manière de faire des fonctionnaires fédéraux dans ce dossier. Il s’est retrouvé dans un cafouillage monumental qui aurait pu se régler rapidement si les agents s’étaient donné la peine, à son avis.

« Lors de la demande initiale, j’ai inversé deux chiffres dans mon numéro d’entreprise. J’ai quand même reçu le 40 000 $ deux jours plus tard. Mais lors de la demande de bonification, je n’ai rien pu recevoir malgré les nombreuses démarches avec le gouvernement. Ça semblait impossible pour eux de corriger l’inversion de deux chiffres. Ils me blâment et exigent de faire la demande avec le mauvais numéro. Nous avons travaillé sur le dossier pendant plus d’un an pour se faire dire que je n’étais pas admissible parce que j’ai trop fait de demandes, avec la bonne ou la mauvaise séquence de chiffres. Je n’étais donc plus admissible et je devais rembourser », lance celui qui devait s’exécuter avant le 31 décembre.

« Personne ne veut rien savoir, personne ne veut régler. On a pris mon exemple à la Chambre des communes, auprès de la ministre Chrystia Freeland, rien, ils veulent simplement fermer le dossier », déplore celui qui évolue dans le domaine de la construction et qui croit que plusieurs ont profité des lacunes pour s’en mettre dans les poches. « C’est certain qu’en voyant aller les fonctionnaires, certains qui n’y avaient pas droit s’en sont mis plein les poches », conclut l’entrepreneur de Salaberry-de-Valleyfield.

Terminé l’extension

Avant les Fêtes, la députée de Salaberry-Suroît Claude DeBellefeuille avait, entourée des directeurs généraux de deux Chambres de commerce de la région, lancé un cri d’alarme pour faire entendre raison au gouvernement et demander un délai raisonnable. 

Mardi matin, le premier ministre Justin Trudeau était à Montréal pour rencontrer les gens d’affaires et il a clairement indiqué vouloir passer à autre chose. « Il est temps d’aller de l’avant, il y a des options pour ces entreprises et on va toujours être là », a-t-il lancé au sujet des PME ayant du mal à rembourser. Les prêts totalisent 50 G$ au pays et ont été offerts il y a près de 4 ans à 200 000 PME.

*Nom fictif