Reconnu coupable de crimes sexuels sur des mineures 40 ans après les faits

le mercredi 19 juin 2024 - Modifié à 16 h 46 min le mercredi 26 juin 2024

Paul-Émile Richer a plaidé coupable à huit chefs d’accusations de crimes sexuels commis sur des personnes mineures dans les années 1980 dans le secteur de Saint-Anicet. Ses victimes ont accueilli la sentence de 7 ans envers celui qu’ils ont qualifié de monstre comme une délivrance.

«Elle est là la satisfaction, a reconnu Mélanie Castagner. Enfin les gens nous croient et voient notre histoire.»

Elle, son frère Damien et sa sœur Geneviève font partie des quatre victimes du sexagénaire. Au début des années 80, leur oncle s’est livré à des attentats à la pudeur et des rapports sexuels à leur endroit. «Pour toi, il n’y aura pas de rédemption, a lu Damien devant son oncle qui ne réagissait pas dans le box des accusés. Mais pour nous, une délivrance de toutes ces émotions enfouies dans le plus profond de notre âme.» 

Une autre victime, dont l’identité est protégée, a laissé savoir que son enfance lui avait été volée. «J’ai manqué mon enfance à cause d’hommes comme lui qui m’ont fait vivre un enfer, a-t-elle prononcé. Je ne crois pas qu’il existe de punitions assez fortes. Se faire voler son enfance et son innocence, c’est inacceptable.»

Une tante, Hélène Richer, aussi victime du «monstre» a tenté de retirer les enfants du milieu familial malsain, mais les démarches n’avaient pas été entendues à l’époque.

Finalement cru

Trois des quatre victimes qui ont accepté de lever l’ordonnance de non-publication ont révélé à quel point d’être entendues à la cour représentait un poids de moins pour elles.

«Dans ce dossier-ci, c’est vraiment particulier puisque depuis son arrestation l’accusé clame haut et fort qu’il a déjà été condamné pour ces victimes-là, a affirmé la procureure au dossier, Me Mylène Brown. Ç’a été tout un travail d’enquête de remonter jusqu’aux archives nationales pour déterrer des antécédents judiciaires.»

Les victimes se sont fait dire toute leur vie que l’agresseur avait été condamné pour les crimes qui les concernaient. M. Richer avait été accusé à quatre reprises et reconnu coupable deux fois pour des crimes similaires dans le passé. Les six mois de prison qu’il avait purgés à l’époque ne concernaient toutefois pas les victimes qui ont obtenu justice mercredi.

«Quand on est arrivé avec la conclusion qu’il n’avait jamais été condamné, ç’a été un premier soulagement. Le deuxième a été à l’étape d’enquête et de la rencontre avec le procureur lorsqu’on leur a dit que vous êtes crus, on est prêt à aller de l’avant avec les accusations. Finir ça aujourd’hui [19 juin] avec un plaidoyer de culpabilité, c’est tout ça qui amène à la délivrance dont on parle. »

La juge Magali Lepage a salué le courage des victimes qui ont accepté de témoigner. «Je souhaite que la fin du processus judiciaire représente une nouvelle étape pour vous et que ce sera libérateur», a-t-elle exprimé.

Sept ans de détention

Les victimes arrivent au bout du processus judiciaire épuisées. Si bien que le plaidoyer de leur oncle évite un procès et donc les soulagent d’une certaine façon.

Paul-Émile Richer a dit être désolé de ce qui s’est passé et que ses remords étaient sincères.

Détenu depuis le 13 mars 2023, il aura à purger sept ans en prison, période à laquelle sont soustraits 22 mois de détention préventive. 

Un interdit de contact avec ses victimes et leurs proches, l’adhésion au registre des prédateurs sexuels à perpétuité et l’interdiction de se trouver dans un endroit où des mineurs pourraient se trouver une fois sa sentence complétée font partie des conditions qui s’ajoutent.

«J’espère que vous avez bien entendu ce qui a été dit et à quel point vous avez affecté les gens de votre famille», a prononcé la juge, invitant l’accusé à profiter de sa peine pour réfléchir à ses gestes.