Une manifestation syndicale « horrifiante » pour le CISSSMO

le jeudi 31 octobre 2024

Le Centre intégré de santé et services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO) convient que le travail dans les résidences à assistance continue (RAC) est exigeant. Mais il ne partage pas le message que ce serait l’horreur tel que véhiculé par l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) lors d’une tournée de manifestations silencieuses qui a notamment fait un arrêt à Longueuil le 30 octobre. 

La manifestation a réuni une trentaine de personnes devant la RAC de la rue de Dieppe. Elles étaient présentes pour dénoncer les enjeux de santé et sécurité au travail dans ces établissements qui accueillent des usagers avec une déficience intellectuelle et/ou un trouble du spectre de l’autisme (DITSA) avec ou sans trouble de comportement.

«À tous les jours, des gens dans les RAC se font insulter, a laissé savoir Isabelle Mantha, représentante nationale de l’APTS. Tous les jours des gens se font frapper. Tous les jours des gens se font mordre. Ce qui se vit ici se vit tous les jours.»

Plus d’un événement violent déclaré par jour

Elle appuie ses propos par la soumission de 483 formulaires de déclaration d’événements soumis au CISSSMO en 2023-2024. Du nombre, 367 étaient liés directement à des risques de violence et 53 ont conduit à des arrêts de travail.

Depuis juillet, la RAC est ouverte sur la rue de Dieppe. Mme Mantha a fait état de quelques incidents, que ce soit un plafond suspendu arraché, une usagère qui a réussi à sortir à l’extérieur et qui a lancé des roches sur le bâtiment ou des dispositifs de verrouillage de portes qui n’étaient pas sécuritaires. Des éléments qui compromettent la santé et la sécurité des travailleurs et des usagers.

«Le CISSSMO doit être plus à l’écoute et investir, a poursuivi Mme Mantha. C’est comme si on doit à tout bout de champ répéter la même cassette. On met en place des plans. On a des trucs sur papier. Le CISSSMO fait des efforts, mais sur le terrain, c’est difficile de percevoir que des actions sont prises.»

Isabelle Mantha, représentante nationale de l’APTS. (Photo Journal Saint-François : Eric Tremblay)

À ses côtés, le vice-président de l’APTS, Joël Bélanger, a dénoncé l’inaction du gouvernement en santé et sécurité pour l’ensemble des RAC au Québec. 

«Quand ça fait plusieurs fois que tu dénonces un tiroir non barré pas sécuritaire, ça ne prend pas 4000 ou 5000 plans de réseautage, a-t-il mentionné. Il faut investir en prévention.»

Un message qui ne passe pas

Annie Couture, directrice des programmes Déficiences au CISSSMO, était dans tous ses états jeudi quand elle a pris connaissance des propos de la partie syndicale. «J’ai été étonnée du message, a-t-elle lâché. Ça ne représente pas ce qui est travaillé sur le terrain et les résultats obtenus.»

Elle avait une profonde tristesse pour les usagers et leur famille de voir que le syndicat qualifiait ces milieux de travail comme des lieux d’horreur. «Ils [les usagers DITSA] méritent d’être traités avec dignité, a-t-elle poursuivi. Aujourd’hui, [le 30 octobre], il n’y a pas eu d’ouverture de dignité.»

Sur le nombre de congés de maladie, elle laisse entendre que le taux d’assurance salaire a chuté de 12 % à 5 % depuis 2016. Un pourcentage qu’elle souhaite voir diminuer encore plus.

Quant au nombre de déclarations d’événements, Laurence Pérusse-Tardif, adjointe au directeur responsable des projets d’envergure en hébergement DITSA, ne voyait pas le chiffre d’un mauvais œil.

«Je suis contente que les employés dénoncent, a-t-elle indiqué. C’était peut-être tabou avant. Mais avec les structures paritaires mises en place, il y a une culture de prévention qui a été instaurée.»  Elle a ajouté que les employés disposaient de plusieurs voix pour parler de leurs craintes, notamment son numéro de cellulaire.

Mme Couture a renchéri sur ce point. «Si mes employés ne se sentent pas en sécurité et que je ne le sais pas, ça ne le fera pas», a-t-elle lancé. 

Toutes deux craignent que le message partagé mercredi nuise au recrutement. Pourtant, au cours du dernier mois, 66 embauches ont été faites disent-elles. Le tout coïncide avec la fin du recours à la main-d’œuvre indépendante depuis le 20 octobre. Le temps supplémentaire obligatoire n’est pratiquement plus appliqué également, avance Mme Pérusse-Tardif. 

19 RAC au CISSSMO

Le CISSSMO opère 19 RAC sur son territoire. Celles-ci, situées à Longueuil, Saint-Jean-sur-Richelieu ou Salaberry-de-Valleyfield, sont des milieux de vie à long terme et peuvent offrir de la réadaptation à long terme. Les besoins sont grandissants pour la clientèle DITSA.

Les bâtiments sont la propriété de Fondation ou organisme avec qui des ententes d’exploitation sont signées.
Un plan d’amélioration de ces lieux a été établi. Il prévoit environ 7 M $ d’investissement.

La CISSSMO a réitéré sa volonté de travailler en collaboration avec toutes les parties prenantes du comité paritaire, incluant le syndicat.